Les pays africains ont appelé à devenir les architectes actifs de leurs propres discours sur le credit. - ENA Français
Les pays africains ont appelé à devenir les architectes actifs de leurs propres discours sur le credit.

Addis-Abeba, le 25 avril 2025 (ENA) : - Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique (CEA), Claver Gatete, a souligné l'urgence de mettre en place un écosystème africain de notation de crédit qui « reflète les réalités régionales de l'Afrique et complète, plutôt que de se contenter d'imiter, les agences mondiales ».
S'exprimant lors d'un dialogue de haut niveau organisé conjointement par le MAEP, le PNUD, AfriCatalyst, l'ACET et l'Open Society Foundations, en marge des réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) à Washington, il a souligné que les pays africains ne devraient pas être de simples sujets passifs de notation, mais des architectes actifs de leurs propres discours sur le crédit.
Gatete a posé une question pour illustrer l'échec du système financier actuel : « Pourquoi, malgré 54 nations et un PIB combiné de 3 000 milliards de dollars, seuls le Botswana et l'île Maurice bénéficient-ils d'une notation de crédit de qualité ?» La réponse, a-t-il soutenu, réside dans un système financier qui ne reconnaît pas les défis et les opportunités uniques de l'Afrique.
Gatete a également souligné le paradoxe auquel l'Afrique est confrontée : alors que le continent regorge de potentiel, bénéficie d'une population dynamique, de marchés en expansion et d'innovations, de nombreux pays sont confrontés à une vulnérabilité croissante face à la dette et à des coûts d'emprunt en hausse.
Il a souligné que les pays africains ont été soumis à des notations de crédit injustes, fondées sur des données limitées et des critères incohérents, ce qui entraîne souvent des coûts d'emprunt plus élevés et un accès limité aux capitaux. Par exemple, les pays africains paient en moyenne 12 % à 14 % sur les euro-obligations, un taux nettement supérieur à la moyenne de 3 % de la zone euro.
Pour remédier à ces problèmes, Gatete a proposé cinq mesures concrètes pour établir un écosystème de notation de crédit crédible et efficace, adapté aux réalités africaines.
Il a également souligné la nécessité de renforcer les systèmes de données africains et de doter les offices nationaux de statistique, les bureaux de crédit et les observatoires régionaux des moyens nécessaires pour fournir des données actualisées, détaillées et contextuelles.
L'Afrique doit se doter d'un cadre réglementaire solide, inspiré des meilleures pratiques internationales, telles que le modèle européen, où les notations suivent un calendrier transparent et prévisible, a proposé le Directeur général de la CEA.
Il a également souligné l'importance d'une collaboration intersectorielle, entre les émetteurs souverains, les investisseurs, les régulateurs et les partenaires internationaux, travaillant tous en harmonie. Un système de notation de crédit performant doit être supérieur à la somme de ses parties.
Gatete a également souligné l'importance de la collaboration, précisant que la CEA s'engage à collaborer avec des organisations telles que le MAEP, le PNUD, AfriCatalyst et l'Open Society Foundations pour concrétiser cette vision.
Il a souligné que le climat politique actuel, notamment la présidence sud-africaine du G20 et le statut de membre permanent de l'Union africaine, offre à l'Afrique une occasion unique de plaider en faveur de réformes qui reflètent les expériences vécues sur le continent.